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Aime & Lit comme Emilie
15 octobre 2020

Les Gratitudes, Delphine de VIGAN

Les Gratitudes

Quel titre magnifique. 

Tout me plait. Le mot. Ce qu'il revêt. La briéveté du titre. 

Et quel livre magnifique. 

J'ai découvert Delphine de VIGAN il y a quelques années, grâce à Maman qui lit beaucoup aussi. C'était Rien ne s'oppose à la nuit. Le titre déjà. Et l'histoire, déjà. J'en parlerai dans un autre article le jour où j'installerai la bibliothèque à la maison. Depuis, le plaisir se renouvelle à chaque nouveau livre. 

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Cette fois-ci, le thème de la vieillesse et de la transmission me touche profondément.

Il m'a fait pensé à ma grand-mère.

Delphine de VIGAN écrit magnifiquement ce qui fut et ce qui est.

La disparition des mots et des corps.

La vie qui file comme du sable entre les doigts.

"Vieillir c'est apprendre à perdre." écrit-elle. "Se réajuster. Se réorganiser. Faire sans. Passer outre. N'avoir plus rien à perdre."

Tout est dit.

Quelle leçon.

Quand je voyais ma Grand-Mère, jamais elle ne se plaignait, elle avait toujours la patate, le sourire, le bon mot. Et puis, petit à petit sur la toute fin de sa vie, la voir rapetisser, diminuer, jusqu'à disparaître, la voir ne plus accrocher les conversations parce que trop rapides, la voir prendre du recul, à peine écouter pour ne pas déranger, mais voir son oeil pétillé, encore, son esprit affûté, encore, le bon mot, toujours, mais plus rare. La lucidité. Et puis plus rien.

Se rappeler qu'avant, il y a l'enfant, l'adolescente, la jeune femme, l'amoureuse, l'épouse, la mère, l'entre-deux guerres, la guerre, l'après-guerre, les années 50, 60, 70, puis notre rencontre, elle avait 60 ans, elle n'avait que 60 ans, elle n'était pas vieille, mais demi-vieille comme elle aimait à dire, elle ne s'est que peu racontée ou alors avec pudeur, à demi-mot, elle coupait mon grand-père dès qu'il évoquait la guerre et ses années de prisonnier en Allemagne, pour ne pas nous embêter. Il tentait de dire mais nous ne pouvions l'entendre.

Aujourd'hui, malgré tout ce que nous nous sommes dit, je regrette de ne pas avoir su, alors poser les questions. Trop jeune. Enfant, on ne réalise pas l'importance de cette transmission, de cette histoire familiale, qui maintenant que les ainés ne sont plus, ne peut plus se révéler que par bribes, par lambeaux, au détour d'un moment, mais jamais dans son entièreté, dans la vérité de ceux qui l'on vécue.

"On croit toujours qu'on a le temps de dire les choses, et puis soudain c'est trop tard."

Ai-je suffisamment su, moi qui l'aimait tant, lui dire les seuls mots nécessaires, essentiels, les seuls qui comptent vraiment,  "je t'aime", "merci".

Je l'espère.

C'est ce que j'essaie d'apprendre à mes enfants. Dire aux gens qu'on aime qu'on les aime avant qu'il ne soit trop tard. Avant qu'ils ne partent danser une autre danse, comme l'héroïne de Delphine de VIGAN. Partir dans une  dernière danse. Quelle jolie fin. 

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